microbiote et maladies auto-immunes : un lien qui se confirme
Microbiote : quésaco ?
Quand on pense déséquilibre du microbiote, on pense souvent au déséquilibre du microbiote intestinal.
- Une association de plusieurs facteurs environnementaux, hormonaux, génétiques, médicamenteux, infectieux et psychologiques est fort probable.
En devenant perméable, la barrière intestinale va libérer des petites molécules, de l’ADN bactérien ou des composants de la paroi bactérienne – comme le lipopolysaccharide (LPS), un agent pro-inflammatoire. Ces petites molécules vont s’échapper de l’intestin et atteignent la circulation sanguine voire même le cerveau, et causent ou renforcent une inflammation ». C’est ce que l’on appelle la translocation bactérienne.
déséquilibre du microbiote buccal : une nouvelle piste
- polyarthrite rhumatoïde / dysbiose du microbiote buccal
(1) parodontite :
Destruction progressive ou rapide du parodonte, tissu de soutien des dents – la 1ère étape de la parondite est la gengivite.
- lupus / dysbiose du microbiote buccal
Même chose pour le lupus érythémateux disséminé (LED) qui est une maladie auto-immune très voisine de la dermatomyosite ou parfois en chevauchement avec cette dernière :
Une étude chinoise de mai 2020 montre un déséquilibre (dysbiose) du microbiote buccal dans le LED. A noter qu’aucune différence dans la composition du microbiote n’a été trouvée -dans cette étude- entre les patients atteints de LED d’apparition récente et les patients traités.
dysbiose du microbiote intestinal & maladies auto-immunes
- Sclérose en plaques
- Myasthénie
Les patients atteints de myasthénie ont également une dysbiose du microbiote. Une étude de grande envergure qui terminera en 2023 démarre aux États-Unis avec l’objectif de rechercher des corrélations entre :
- la composition du microbiote,
déterminée par séquençage, - et la myasthénie évaluée grâce à des données fournies par les malades et issues de leur dossier médical.
la transplantation de microbiote fécal (TMF) dans les maladies auto-immunes – une thérapie d’avenir ?
Les tout premiers essais commencent à voir le jour, avec leurs limites et de multiples interrogations.
La transplantation TMF est un vrai succès pour lutter contre une maladie intestinale grave due à une bactérie nommée « Clostridium difficile ». Elle semble également montrer son efficacité pour le Syndrome du côlon irritable.
Qu’en est-il pour les maladies auto-immunes ?
- Sclérodermie :
L’hôpital d’Oslo a réalisé un essai de transplantation TMF sur 10 patients atteints de sclérodermie avec complications gastro-intestinales, dont 5 patients (durée de l’essai 4 mois). Le but de cet essai était d’améliorer lesdites complications. 2 résultats : les complications gastro-intestinales ont été améliorées pour certains patients (4 sur 5) , et la diversité de la flore intestinale a été améliorée. Mais l’étude montre les limites de cette thérapie avec deux témoins placebo qui sont sortis de l’étude du fait d’événements indésirables graves liés à la procédure (lors de la gastroduodénoscopie), mais non liés au microbiote fécal transplanté.
- Diabète de type I :
Plusieurs essais ont déja eu lieu de par le monde, et plusieurs ont des résultats positifs :
- Essai belge et néerlandais : la transplantation TMF arrête la progression du diabète de type I en diminuant la production d’insuline endogène chez les patients récemment diagnostiqués atteints de diabète de type I (diabète d’origine auto-immune). (résultats parus en 2021)
La piste thérapeutique de la TMF dans les maladies auto-immunes de toutes sortes est évoquée dans de nombreuses études…
mais se posent de multiples interrogations :
- Il reste à confirmer que la dysbiose est une cause dans les maladies auto-immunes et non une conséquence de celles-ci,
- Il faut également trouver une signature spécifique à la dysbiose pour une maladie auto-immune (quelless sont les bactéries en trop grand nombre ou en nombre très insuffisant ainsi que celles qui ne devraient pas être présentes)
- La procédure de transplantation n’est pas sans risque (infectieux par transmission de bactéries résistantes aux antibiotiques)
- Comment bien sélectionner les donneurs ? Comment les échantillons de selles doivent-ils être préparés ? Comment apprêter le receveur à la transplantation ? Vaut-il mieux administrer le microbiote par voie haute ou par voie basse ? La TMF est-elle efficace lors des poussées ou pour maintenir la rémission ? Doit-on la renouveler et à quel rythme ?
- Et gérer les effets indésirables…
Si la piste microbiote/maladies auto-immunes est confirmée : la transplantation TMF ne sera probablement pas généralisée rapidement. D’autres moyens thérapeutiques seront peut-être davantage privilégiés :
- Une alimentation favorisant le développement des bactéries bénéfiques pour le système digestif.
- Un traitement antibiotique court ciblant les espèces néfastes impliquées dans la physiopathologie de la maladie.
- L’apport par voie orale de probiotiques, de prébiotiques, et de symbiotiques qui combinent pré et probiotiques.
- Probiotiques et myasthénie : Une équipe italienne a montré que l’administration de 2 souches de bifidobactéries vivantes (des probiotiques) au début d’une myasthénie expérimentale chez le rat a des effets bénéfiques sur la progression de la maladie (action immunomodulatrice). Dans cette étude, l’amélioration des symptômes s’associe à une réduction des niveaux d’auto-anticorps anti-RACh spécifiques à la myasthénie.
(Voir l’essai italien décembre 2019)
Mais les probiotiques ne sont pas sans danger… Comme toute médication, ils peuvent avoir des effets secondaires. Des symptômes légers comme des ballonnements, des gaz accompagnés de maux de ventre modérés, ou encore une diarrhée passagère peuvent survenir mais aussi d’autres plus préoccupant peuvent avoir pour conséquence des problèmes cérébraux par surproduction d’acide lactique (voir l’article Top santé).
Une alimentation spécifique peut aussi agir sur votre microbiote avec de moindres effets indésirables : kéfir, du chou kalé, des yaourts ou de la choucroute,… voir plus avec ce lien.
Si d’aventure, vous souhaitez prendre des probiotiques vendus en pharmacie ou sur le net, demandez conseil avant à un spécialiste de santé comme votre généraliste, ou encore mieux un gastro-entérologue. Soyez prudents et conscients de la réalité sur ce secteur commercial bien juteux ! (ci-contre une vidéo de Que choisir).
Ces produits sont en vente libre, et sans réglementation. En France d’ailleurs, vous ne trouverez jamais sur ces boîtes la mention « probiotique ». Ci-après un article très complet donnant de nombreux conseils sur ces produits, notamment comment les choisir : Article « La vérité sur les probiotiques » Anthony Berthou
Carte d’identité du microbiote
Tous les spécialistes s’accordent à dire qu’il faudra encore 4 à 5 ans pour que la recherche sur le microbiote et les probiotiques se confirme.
En attendant, déjà sur le net, des sites vous proposent l’analyse ADN de votre microbiote. Le bilan de ce test est censé vous donner la signature bactérienne de votre microbiote intestinal ainsi qu’un comparatif avec celle de la population de référence. Il rend compte de tout déséquilibre du microbiote intestinal (qu’il soit appauvri ou enrichi). Ces tests ne sont pas remboursés par la sécurité sociale et il vous en coutera aux alentours de 200-300 Euros minimum !!! Mêmes conseils de prudence sur ces sites…
Les avis des spécialistes divergent et bon nombre vous diront que ces tests ont peu d’intérêt, surtout si vous n’avez pas de pathologie intestinale.
Lire l’article « Intestins : faire tester son microbiote, une bonne idée ? » de Oihana Gabriel – 20 mn
Reste aussi à comprendre pourquoi le (ou les) microbiote(s) se dérègle(nt) ainsi et à agir sur ces causes… vaste sujet…
Est ce que en changeant le mictobiote d’une personne atteinte de la maladie de Parkinson peut conduire celle si à la guérison ou du moins à sttoper l’évolution de la maladie