La myosite à inclusions (IBM) est la plus fréquente des myopathies inflammatoires chez les personnes de plus de 50 ans. Elle se distingue par une faiblesse musculaire progressive, souvent asymétrique, qui touche en particulier les quadriceps (les muscles des cuisses) et les fléchisseurs des doigts. À ce jour, aucun traitement efficace n’existe, et la maladie avance lentement mais sûrement, entraînant une perte d’autonomie importante. 

Pour mieux comprendre ce qui se passe à l’intérieur des muscles, une équipe de l’Université d’Anvers (Belgique), en collaboration avec l’Institut de Myologie à Paris (Sorbonne Université/Inserm) et plusieurs centres européens, a mené une étude de grande ampleur. Les chercheurs ont analysé en détail la composition des muscles de 28 patients atteints d’IBM, comparés à 28 personnes sans maladie musculaire. Leur approche, appelée protéomique, permet d’identifier des milliers de protéines présentes dans un tissu et de repérer celles qui sont modifiées dans la maladie. 

🔬 Trois grandes anomalies mises en évidence 

L’analyse a révélé 627 protéines anormales chez les patients par rapport aux témoins. Trois signatures principales se dégagent : 

  • une forte inflammation, confirmant le caractère auto-immun de la maladie, 
  • des perturbations profondes du métabolisme énergétique, c’est-à-dire de la manière dont les cellules musculaires produisent et utilisent leur énergie, 
  • et surtout une difficulté majeure à régénérer le muscle. 

Ce dernier point est crucial : dans un muscle sain, après une lésion ou un effort, des cellules appelées « précurseurs musculaires » s’activent pour former de nouvelles fibres. Dans l’IBM, ce processus est bloqué : les fibres restent immatures et ne parviennent pas à se renforcer. 

🧩 Le rôle central de KDM5A 

Parmi tous les régulateurs identifiés, un s’est démarqué : KDM5A, une protéine qui agit comme un interrupteur génétique. Normalement, KDM5A est présent au début de la régénération, puis s’éteint pour laisser les fibres se développer. Mais dans l’IBM, KDM5A reste anormalement actif, empêchant les nouvelles fibres musculaires de mûrir. 

En laboratoire, les chercheurs ont confirmé ce rôle en cultivant des cellules musculaires humaines. Lorsqu’ils ont bloqué KDM5A grâce à une molécule test, la ryuvidine, certains signes typiques de la maladie, comme l’accumulation de dépôts protéiques (notamment de la protéine APP), ont été réduits. 

🌱 Vieillissement accéléré et perspectives thérapeutiques 

Ces résultats suggèrent que l’IBM ne se résume pas à une simple inflammation ou à une accumulation de protéines anormales. La maladie s’accompagne aussi d’un vieillissement prématuré du muscle et d’un défaut de régénération. 

L’identification de KDM5A ouvre des pistes thérapeutiques inédites. Des inhibiteurs de cette protéine sont déjà testés en oncologie ; il pourrait être envisageable, à terme, de les réorienter vers l’IBM. Bien sûr, nous n’en sommes qu’aux premières étapes et il faudra encore de nombreuses recherches avant d’envisager un traitement pour les patients. 

✅ Ce qu’il faut retenir 

Cette étude apporte un éclairage précieux : 

  • l’IBM combine inflammation, dégénérescence et incapacité du muscle à se réparer, 
  • le régulateur KDM5A pourrait être un nouveau levier thérapeutique, 
  • ces découvertes renforcent l’idée qu’il faut cibler non seulement l’inflammation, mais aussi la capacité de régénération musculaire. 

👉 Lire l’étude complète (en anglais, en accès libre) : 

https://doi.org/10.1002/jcsm.13845

Source : de Vries GM, Asselbergh B, Monticelli A, et al. Ageing Signatures and Disturbed Muscle Regeneration in Muscle Proteome of Inclusion Body Myositis. J Cachexia Sarcopenia Muscle. 2025;16(3):e13845. doi:10.1002/jcsm.13845 

4 commentaires sur l'article “Myosite à inclusions : quand le muscle vieillit et peine à se régénérer 

  1. Wahab Si ABDOOL

    Bonjour,
    C est déjâ un bon point d identifier cette proteine et j attends l etape apres. Un medicament pour cette maladie.
    Merci pour la recherche

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