Une même prédisposition génétique pour la myosite et certains lymphomes ?
Résultats d’une grande étude internationale menée par le Karolinska Institutet (Suède)
Depuis longtemps, les médecins savent que certaines personnes atteintes de myosite (notamment dermatomyosite) présentent un risque légèrement plus élevé de développer certains cancers, en particulier des lymphomes à cellules B (un type de cancer du sang).
Mais pourquoi ? Est-ce lié aux traitements, à l’inflammation chronique, ou existe-t-il une prédisposition génétique commune ?
C’est à cette question qu’a voulu répondre une vaste étude internationale dirigée par le Karolinska Institutet, en collaboration avec plusieurs équipes européennes et américaines spécialisées dans les myosites et les lymphomes.
Objectif de l’étude
Les chercheurs ont comparé des milliers de profils génétiques de personnes atteintes de myosites et de différents types de lymphomes B (comme le lymphome diffus à grandes cellules, le lymphome folliculaire ou la leucémie lymphoïde chronique). L’idée était simple : repérer des zones communes dans l’ADN, appelées variants génétiques, qui pourraient rendre une personne plus susceptible de développer à la fois une myosite et un lymphome.
Ce que les chercheurs ont découvert
Les résultats montrent qu’il existe bien des points communs dans le patrimoine génétique entre les myosites et plusieurs formes de lymphomes. Ces ressemblances se concentrent principalement dans une zone très connue du génome : la région HLA, située sur le chromosome 6.
Cette région joue un rôle essentiel dans le système immunitaire : elle aide le corps à reconnaître ce qui est étranger (virus, bactéries…) et ce qui lui appartient.
Or, des anomalies dans cette zone peuvent provoquer une réponse immunitaire excessive ou mal dirigée, ce qui peut contribuer à l’apparition de maladies auto-immunes comme la myosite, mais aussi de troubles de la prolifération des cellules immunitaires, comme les lymphomes.
En résumé, cette étude montre qu’il existe une base génétique partagée entre certaines myosites et les lymphomes B, liée au fonctionnement du système immunitaire.
Attention : un risque faible, pas une certitude
Les chercheurs insistent sur un point important :
👉 Ces résultats ne signifient pas que toutes les personnes atteintes de myosite développeront un cancer.
👉 Il s’agit de facteurs de risque génétiques, c’est-à-dire d’éléments qui augmentent légèrement la probabilité, mais qui ne sont ni suffisants ni déterminants.
De plus, grâce au suivi régulier, aux bilans médicaux et à une meilleure connaissance des maladies auto-immunes, les risques liés aux cancers associés aux myosites sont mieux surveillés et mieux pris en charge qu’autrefois.
Pourquoi c’est une découverte importante
Cette étude internationale est la première à montrer, de façon claire, que les myosites et les lymphomes partagent certains gènes de prédisposition, principalement dans la région HLA.
Cela renforce l’idée que ces maladies ont une origine immunitaire commune, et cela pourra aider, à terme :
- À mieux comprendre pourquoi certaines personnes développent une myosite,
- À affiner les stratégies de dépistage et de suivi,
- Et peut-être un jour, à adapter les traitements en fonction du profil génétique de chaque patient.
En conclusion
Les myosites et les lymphomes B semblent partager une partie de leur « terrain » génétique, lié au système immunitaire. Cette découverte ne change pas la prise en charge actuelle, mais elle améliore notre compréhension de la maladie et ouvre des pistes pour l’avenir. Comme souvent dans la recherche, chaque nouvelle pièce du puzzle nous rapproche d’une vision plus claire et plus précise.
👉 Pour lire l’étude complète (en anglais) :
https://rmdopen.bmj.com/content/11/3/e006035